On est à Montréal. C’est le 1e juillet. Le temps de changer le mal de place.
… faut se déraciner; les Branchés arrivent. Déménagez, on emménage.
Le cœur de deux Fratries bat au rythme inexorable, présent et rapide, des pénates qui changent de place, bêtement et simplement. Burlesques, les nouveaux voisins, le taillage trop bas de la haie de cèdres, le p’tit jeune qui reluque notre fille, l’attachement à ce qui ne vaut rien, le détachement de ce qui vaut tout. Burlesque, leur propension à mimer machinalement les choses au point d’y rendre l’âme.
L’âme de la maison, avec son grenier à souvenirs et sa cave à cauchemars, est le témoin apparemment passif de ce remue-ménage iconoclaste. Les vies sont prises en charge par les objets; comme si le butin de chacun déterminait ses gestes, son comportement et, tant qu’à y être, son destin. Patiemment, nos vêtements, nos choses, cachées ou montrées, leur emballage même, instillent la perplexité dans le cerveau de leur propriétaire. Le spectacle burlesque en est un d’adverbes; tout est dans la manière de prendre ici toute sa vie pour la poser là, en pièces détachées. Le comment a préséance sur le quoi par ce qu’il révèle de la rumeur interne de ces gens.
BURLESQUE ne fait pas que produire des effets comiques; il en décortique les causes, débusque nos comportements aberrants. Et les raisons d’en rire sont toutes bonnes. Une collectivité d’artistes qui portent solidairement et indéfectiblement la responsabilité de leurs drôleries au triple titre de l’imagination, de la réalisation et de l’interprétation, çà …, ce n’est pas burlesque.